Expérience
Hello.
Que te dire...
Sinon que ça y est ! Je crois que je réalise enfin ce qui m'arrive.
C'est très curieux le cancer quand il est dépisté tôt (c'est à dire avant qu'il ne te gène ou te fasse souffrir.)
- Tu es atteint du cancer mais tu vis normalement puisque tu n'es pas au courant et que le corps est une machine fabuleuse qui a de la réserve.
- On te dépiste le bidule. Tu SAIS donc que tu as un cancer => Réactions diverses : "pourquoi moi ?" (ça, on n'en reparlera plus tard.), le ciel te tombe sur la tête, perso j'ai pas vraiment intégré.
- Ta maladie n'est pas visible, elle n'existe que dans ta tête car tu as été diagnostiqué. Mais pour toi, physiquement, rien n'a changé.
C'est là où le paradoxe du cancer arrive :
La maladie, par ses symptômes, effets secondaires ressentis et visibles, apparaît à partir du moment où l'on te soigne/traite !
Dans mon cas, physiquement j'étais très bien, l'annonce de la présence de Wolfgang me tourneboule légèrement (émotionnellement).
Puis, on m'opere => on m'enlève Wolfgang et c'est à partir de là que je vais commencer à me sentir MALADE.
Peut-être même pas en fait.
C'est la chimio qui en te soignant, te fait vivre l'enfer et révèle ta maladie.
Avec la chimio, t'en chies. (comme son nom l'indique.)
Maintenant que j'ai (à peine) un peu plus de recul sur la taxtotere, je viens te débriefer.
Depuis samedi soir, je subis douleurs musculaires et articulaires aux mains, pieds et jambes.
Insensibilité des extrémités. Bouche sensible, genre tu sens que tu vas avoir des aphtes.
Maux de tête et fatigue.
Après, il est difficile de savoir quelle est la part de Taxotere et la part de Neulasta (la fameuse piqûre dont j'ai beaucoup mieux vécu l'injection grâce à "doigts de fée")...
Je prends beaucoup de temps pour me déplier pour pouvoir sortir de mon lit. Je suis à mi-chemin entre un zombie et une mamie de 90 ans. Malgré tout, j'ai bonne mine (je chouchoute ma peau du visage, pour ne pas tout perdre).
PB continue de m'appeler "princesse", et de me dire que je suis belle, mais t'en connais beaucoup des belles princesses chauves, toi ?
Aujourd'hui je me rends compte d'un truc que j'ai toujours effleuré mais que maintenant je touche du doigt : La chance dont nous ne sommes pas conscients que tout aille (à peu près) bien. (On a tous nos merdes, mais on peut toujours tomber plus bas.)
Hier, c'était la fête de la musique, des pères, l'anniv du mien et le premier jour de l'été.
Dans ces moments là, sur les réseaux sociaux tu vois fleurir des photos de bons moments, plages, terrasses, bonne bouffe, amis....
Hier, je me suis dit que "avant" je ne me rendais pas compte de la chance que j'avais de pouvoir tout simplement :
- profiter d'un rayon de soleil (sans avoir peur de cramer et d'avoir trop chaud)
- de déguster de bonnes choses qui me font envie (sans avoir peur que ma bouche s'enflamme, par exemple même une pêche à du mal à passer)
- prendre du temps avec des amis (sans avoir peur d'une baffe subreptice)
- de pouvoir simplement me mouvoir (sans que ça représente un effort particulier.)
Je ne dis pas ça pour me faire plaindre, car je sais que ça finira par passer. Ce que j'espere, c'est que cette expérience me restera à l'esprit pour pouvoir toujours savourer au mieux les petits bonheurs sans me laisser entraver par les petits malheurs.
C'est quelque part une chance.
J'avoue, j'en ai marre de cette diminution. Ce n'est pas très valorisant de se voir à terre. J'ai un peu peur que PB en ait marre de moi. J'aimerais tellement être à la hauteur de ce qu'il attend de moi.
J'ai hâte que tout ça soit derrière nous pour lui montrer que je peux redevenir proche de ce que j'étais avant.
En attendant, on dit toujours que le temps passe vite. Je sais que la vitesse de passage du temps est une vue de l'esprit. Donc Je sais que dans quelque temps, tout ça sera déjà loin !